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Espace d'enseignement et d'apprentissage pour les étudiants de la Faculté de Linguistique Applquée Niveau I AM
L’ASPECT verbal
Le procès exprimé par le verbe peut être
envisagé de deux manières :
Ces deux manières
d’envisager un procès fonctionnent différemment par rapport au même repère
qu’est le point de l’évènement. Dans la perspective chronologique, ce repère
est situé par rapport au point de l’énonciation, avec lequel il peut coïncider
(présent) ou non (passé ou futur). Dans la perspective aspectuelle, ce repère
peut occuper différentes positions dans le déroulement du procès, quand
celui-ci peut être envisagé dans ses phases successives et représenté
spatialement par un segment, délimité par deux bornes, initiale et finale, qui
l’isolent d’un avant et d’un après :
(début)
(fin du procès)
----------[--------------------------------------------]------
Le point de
l’évènement T’ peut se situer en différents endroits, selon la perception du
procès. Ci celui-ci est saisi à son début (Il se mit à voyager), le point T’
sera situé près de la bonne initiale :
--------
[-T’------------------------------------------] -------
Si le procès est
accompli (Il a voyagé), le point T’ sera situé après la bonne finale, indiquant
que son terme a été atteint :
---------[---------------------------------------------]
T’-------
Les différentes
positions occupées par le repère T’ illustrent différentes perceptions du
procès, saisi aux différentes de son déroulement. Si le procès est perçu
globalement, il ne peut pas être représenté spatialement et le repère T’ ne
peut pas être introduit : c’est le cas notamment du passé simple, pour
lequel le repère temporel est globalement concomitant[1] au
procès.
Note de lecture
La notion d’aspect a été développée au 19ème
siècle par des linguistes allemands dans l’étude des langues slaves, en
particulier du russe, puis dans celle du grec. Pour les premières, il existe
entre les verbes des oppositions lexicales (perfectif / imperfectif) dont la
seule chronologie ne peut pas rendre compte ; en grec ancien, l’opposition
entre le présent, l’aoriste[2] et
le parfait est largement de nature aspectuelle. A partir de l’étude des langues
particulières est né une catégorie générale, l’aspect que les linguistes ont
affinée et étendue à d’autres langues, romanes notamment. En latin, A. Meillet
a opposé les temps de l’infectum, formés sur le radical du présent (amo), et
ceux du perfectum, formés sur le radical du parfait (amavi). Mais cette
distinction ne joue vraiment qu’entre l’imparfait et le parfait.
Référence : G. Serbat, 1988,
Linguistique latine et linguistique générale, p. 17.
L’introduction de la notion d’aspect en grammaire
française n’a pas été facile. F. Brunot l’intègre explicitement dès 1922 (La
pensée et la langue), mais Damourette et Pichon (Des mots à la pensée, 1930),
L. Tesnière (1959) et d’autres la rejettent comme étrangère à la langue
française. C’est Gustave Guillaume qui a donné à l’aspect une place primordiale
en français : « L’aspect est une forme qui, dans le système même du
verbe, dénote une opposition transcendant toutes les autres oppositions du
système, et capable ainsi de s’intégrer à chacun des termes entre lesquels se
marquent les dites oppositions. Des linguistes guillaumiens (P. Imbs, R.
Martin, G. Moignet, B. Pottier, M. Wilmet,…) ont développé des analyses
approfondies des valeurs et des réalisations linguistiques de l’aspect. Pour le
décrire, on se fonde ici sur leurs travaux, complétés par ceux inspirés par A.
Culioli, qui situe l’aspect dans le cadre de sa théorie de l’énonciation.
Références : R. Martin, 1960, Temps et Aspect. Essai sur l’emploi des temps
narratifs en Moyen Français.
Les oppositions aspectuelles du français ont des rendements différents selon les moyens linguistiques
utilisés :
·
Accompli / Inaccompli
L’aspect accompli
envisage le procès au-delà de son terme, comme étant réalisé, achevé : le
repère T’ est situé au-delà de la borne finale.
---------[---------------------------------------------]
T’-------
(Il a voyagé)
L’aspect inaccompli
saisit le procès en cours de déroulement : le repère T’ peut se situer en
différentes positions entre les bornes initiale et finale.
Remarque.- Les
guillaumiens fondent cette distinction sur la notion de tension (procès en
cours d’accomplissement), et opposent l’aspect
tensif (action en tension =
inaccompli) et l’aspect extensif
(saisi après la tension = accompli).
G. Guillaume distingue, pour sa part, l’aspect immanent (= tensif) et l’aspect
transcendant (= extensif).
L’opposition accompli / inaccompli est systématique en
français : elle se manifeste, à tous les modes, par l’opposition entre les
formes composées et les formes simples du verbe.
·
Les formes
simples présentent un procès en cours :
Je crois
comprendre cette explication / Je souhaite qu’il vienne
L’infinitif présent, le subjonctif présent et le
présent ou l’imparfait de l’indicatif saisissent le procès en cours de réalisation.
·
Les formes
composées présentent un procès parvenu à son terme final, totalement
achevé :
Je crois
avoir compris cette explication / Je souhaite qu’il soit venu.
Cependant, ne concluons pas que les formes
composées n’expriment que l’aspect accompli. Dans un système temporel
corrélatif, elles peuvent exprimer l’antériorité : Quand il avait déjeuné, il sortait promener son chien. Le procès au
plus-que-parfait est antérieur au procès à l’imparfait.
Perfectif
/ Imperfectif
L’aspect
perfectif envisage le terme du
procès : le procès n’acquiert d’existence complète et véritable que
lorsqu’il est arrivé à son terme (ainsi, l’action de sortir n’est réalisée
qu’après le seuil, quand on est sorti, c’est-à-dire quand on est dehors).
L’aspect
imperfectif envisage le procès
dans son déroulement, sans visée d’un terme final ; le procès est engagé
dès que le seuil est franchi (toute application, si minime soit-elle, suffit)
et il est perçu comme indéfini et prolongeable, à moins qu’un évènement extérieur
ne vienne l’interrompre (l’action de marcher est engagée dès qu’on a fait un
pas (Je marche) et elles peut
linguistiquement se prolonger indéfiniment, même si en réalité elle est bornée
par le temps, la fatigue ou d’autres contraintes extérieures).
Les verbes manifestent l’un ou l’autre aspect par
leur sens propre. Entrer, sortir, naître,
mourir, atteindre, trouver, ouvrir, fermer, casser, réparer, etc. sont
nécessairement perfectifs : une fois son terme atteint, le procès qu’ils
expriment devient alors cyclique : Elle
sort tous les soirs). Inversement, aimer, attendre, courir, nager, regarder,
durer, exister, parler, marcher, ramper, traîner, travailler, vivre, etc.
sont imperfectifs : le procès ne comporte pas de limitation intrinsèque.
Certains verbes peuvent être perfectifs ou imperfectifs selon leurs acceptions
ou leur contexte, notamment la présence ou l’absence d’un complément d’objet
(écrire, lire, occuper, etc.).
Sécant
/ Non sécant
On distingue deux manières de percevoir le
déroulement d’un procès. Avec l’aspect sécant, l’intervalle de référence est
envisagé sans limites ; il est perçu de l’intérieur et découpé en deux
parties : une partie réelle nette et une partie virtuelle floue, à cause
de l’effacement de la limite finale. Le procès perçu suivant l’aspect
non-sécant est au contraire saisi globalement, de l’extérieur, et enfermé dans
des limites ; en particulier, une bonne finale lui est assignée.
La distinction entre ces deux aspects permet
d’expliquer l’emploi de certains temps grammaticaux. Le passé manifeste
l’aspect non-sécant dans La demoiselle
sortit à cinq heures, le procès est situé de façon globale par rapport au
repère temporel (cinq heures) et il est enfermé dans des limites. L’imparfait
de l’indicatif exprime l’aspect sécant : dans Julien lisait, le procès comporte deux parties, l’une réelle et
l’autre virtuelle, et il n’est pas délimité par des bornes précises (il a pu
commencer avant le repère temporel passé et il pourrait se prolonger au-delà).
L’opposition sécant / non-sécant, exprimée par les
temps du verbe, s’articule avec l’opposition imperfectif / perfectif, véhiculée
par le sens des verbes. Ceux-ci s’accordent logiquement avec l’aspect sécant
quand ils sont imperfectifs (Julien lisait) et avec l’aspect non-sécant quand ils
sont perfectifs (La demoiselle sortit). Quand un verbe perfectif s’emploie à un
temps exprimant l’aspect sécant comme l’imparfait, l’énoncé peut prendre une
valeur itérative ou marquer un effet de sens particulier. Dans La demoiselle
sortait à cinq heures, en l’absence d’autres indications, on peut considérer
que le procès passé est répété.
Le couple aspectuel sécant / non-sécant correspond
au couple non-limitatif / limitatif. Il oppose une saisie individuante à une
saisie massive. Ces distinctions sont préférables à l’opposition duratif /
ponctuel, qui est plus superficielle, car elle repose sur la seule idée de
durée (procès qui dure / procès bref). Or, dans le cas du passé simple et
l’imparfait, il ne suffit pas de les opposer comme marquant respectivement
l’aspect ponctuel et l’aspect duratif. Le passé simple n’évoque pas
nécessairement des procès brefs (Il plut
quarante jours et quarante nuits : le déluge dura longtemps). En fait,
l’impression de durée n’est qu’un effet de sens produit par l’aspect sécant de
l’imparfait : l’absence de limite marquée de l’aspect sécant implique
inévitablement un sentiment de durée plus ou moins longue, alors que, pour le
passé simple, la prise en compte des limites par l’aspect non-sécant fixe un
terme final à la durée du procès, nettement circonscrit dans le temps.
Inchoatif
/ terminatif
Ces deux aspects se situent à l’intérieur des
limites du procès. L’inchoatif saisit le procès immédiatement à son début,
alors que le terminatif le saisit juste avant sa limite finale.
Ils expriment principalement au moyen de
périphrases verbales ou de semi-auxiliaires suivis de l’infinitif, introduit
par deux prépositions opposées : se
mettre à, commencer à indiquent l’aspect
inchoatif, alors que finir de, cesser
de, achever de, terminer de, marquent l’aspect terminatif. Certains verbes, comme s’endormir, intègrent l’aspect inchoatif. Des procédures dérivation
lexicale privilégient également cet aspect : verbes en ir dérivés d’adjectifs (rougir, noircir, blanchir, etc.) ou
verbes en –iser dérivés de noms (scandaliser, caraméliser[3])
ou d’adjectifs (familiariser, moderniser,
ridiculiser).
Semelfactif
/ Itératif
Un procès peut être unique (semelfactif, du latin semel, « une fois ») ou se
répéter un certain nombre de fois, de manière discontinue ou régulière
(itératif).
Ce sont surtout les compléments circonstanciels de
temps qui servent à indiquer l’aspect itératif (et non le temps du verbe
lui-même) : Il va / allait au
théâtre souvent / quelquefois / parfois / rarement / toutefois les semaines /
tous les mois / une fois par an,…
Certains verbes, comme radoter, répéter, sautiller, etc., contiennent dans leur sens même
l’idée d’une répétition de l’action, qui peut aussi être exprimée par le
suffixe –ailler (criailler) et
surtout par le préfixe re- (redire, refaire, etc.).
Aspect
progressif
Un semi-auxiliaire peut souligner, avec les verbes
imperfectifs, le développement progressif de l’action, à la fois continue et
par degrés : Le mal va croissant. Ce tour (aller + participe présent) étant archaïque en français moderne,
l’aspect progressif y est très limité. On utilise parfois la périphrase être en train de, qui correspond à la
forme progressive habituelle en anglais to
be + V –ing (I’m singing in the rain).
Mais le caractère pas toujours
naturel de cette expression en français (Je suis en train de chanter sous la
pluie) montre que l’équivalence est souvent faible.
L’expression
linguistique de l’aspect
Les aspects évoqués ne s’expriment pas tous à
l’aide de temps verbaux, ni des verbes eux-mêmes. Depuis longtemps, les
linguistes allemands distinguent l’aspect proprement dit (au sens étroit),
exprimé par la morphologie et la syntaxe (conjugaison des verbes, procédés
morphologiques), et l’aspect au sens large ou mode d’action qui fait partie du
lexique (sens codé des verbes ou d’autres termes).
La conjugaison du verbe sert à opposer deux
couples d’aspects :
-
La
distinction accompli / non accompli est marquée par l’opposition entre les
formes composées et les formes simples.
-
L’opposition
entre les aspects sécant et non-sécant concerne principalement le couple
imparfait – passé simple (ou, éventuellement, imparfait-passé composé).
Les
procédés de formation du vocabulaire peuvent constituer des séries aspectuelles
limitées :
-
Les préfixes
comme re- (reprendre : aspect itératif) ;
-
Les suffixes
comme –iser (stabiliser : aspect inchoatif), -oter et eter (radoter , feuilleter, voleter, :
aspect itératif) ;
-
La forme
pronominale, seule (Le peuple se meurt ! Le peuple est mort !: se mourir indique l’aspect
progressif) ou associé à un préfixe (s’endormir :
aspect inchoatif).
Le sens
du verbe lui-même peut notamment opérer la distinction entre le perfectif et
l’imperfectif (sortir / marcher).
Les semi-auxiliaires
et les périphrases verbales expriment différents aspects : inchoatif (commencer à), terminatif (finir
de), progressif (être en train de,
aller + participe présent).
Au-delà
des termes particuliers, beaucoup de moyens linguistiques peuvent exprimer
l’aspect :
-
Les
compléments circonstanciels de temps (groupes prépositionnels et
adverbes) indiquant notamment l’aspect itératif (Il vient souvent) ;
-
La présence
d’un complément d’objet peut modifier l’aspect exprimé par le
verbe en
fixant un terme au procès, comme dans Elle
écrit un roman.
Lecture
conseillée
La notion de fonction aspectuelle
Smith (1991) a motivé
l’importance de l’approfondissement de la fonction aspectuelle dans les
grammaires des langues naturelles. Elle a montré que l’aspect recoupe une part
essentielle de l’information véhiculée par la phrase. L’Aspect nous renseigne sur le développement spatio-temporel de la situation à
laquelle la phrase fait référence. C’est l’Aspect qui nous fait visionner
l’extension de la situation (événement[4] ou
état) rapportée par la phrase-énoncé. L’Aspect nous dit à quel type de situation la phrase
réfère. Le type de situation est la
valeur d’aspect contenue dans le signifié du verbe lié à l’ensemble de ses
arguments (sujet et compléments). L’Aspect projette sur ce type de situation
une perspective, un "focus" temporel, le point de vue, dont la fonction, analogue à l’action d’une lentille
de prise de vue, est de délimiter soit une partie soit la totalité de l’étendue
de la situation rapportée et rendue ainsi visible par la phrase. L’Aspect détermine en outre par
induction la référence temporelle, i.e. le
point d’insertion sur l’axe temporel de l’événement rapporté par la phrase.
Dans certains sytèmes, la référence temporelle peut ne pas être lexicalisée et
est exprimé implicitement au niveau pragmatique par l’intermédiaire de la
valeur aspectuelle. L’Aspect relève donc du domaine de l’organisation
temporelle de la phrase.